Rattrapés par le coronavirus ?

La dernière semaine d’octobre, malgré les retrouvailles avec Sibylle, a été assez délicate. En effet, nous avons chaque jour vu les chiffres de l’épidémie augmenter et reçu des nouvelles inquiétantes de Suisse quant à la situation sanitaire et à l’ambiance générale.

En Espagne, la situation semblait relativement sous contrôle. Les chiffres restaient hauts, mais à peu près stables depuis septembre… Mais en fait, comme partout en Europe, la situation s’est aggravée et, le dimanche 25 octobre, le gouvernement décrétait l’Etat d’alarme, qui permettait au région de se reconfiner.

De notre côté, nous avions prévu de partir le 27 de Cadix pour les Canaries mais, devant l’impossibilité d’acheter un billet circulaire Cadiz-Lanzarote-Tenerife-Cadiz sur le site de la compagnie, nous avons quitté Trujillo le vendredi 23 pour nous rendre en Andalousie et nous sommes présentés aux bureaux de la compagnie le samedi 24, pour acheter nos billets… Malheureusement, après avoir erré un moment dans le port de Cadiz, nous trouvons les guichets fermés avec un panneau indiquant leur maigres horaires d’ouverture… Impossible avant lundi matin…

Pas grave, nous avons passé le samedi à la plage à Cadiz, dans une ambiance très (trop ?) détendue et le dimanche avec Sibylle, puis sa famille.

C’est le lundi 26 que nos ennuis ont commencé. Après avoir attendu 2 heures l’ouverture du bureau, on nous annonce que le bateau du lendemain n’avait plus de place pour notre véhicule de plus de 2 mètres de haut… Et que de toute façon, il était hors de question de nous vendre un billet circulaire. Vérification sur le site, des allers simples sont encore en vente. Le temps d’aller demander au guichet pourquoi, les billets ne sont plus en vente. Frustration maximale…

Nous sentons la nécessité de quitter l’Espagne péninsulaire et décidons de nous rabattre sur les billets du vendredi, avec une compagnie qui part de Huelva, à 150 km de là et qui, surtout, ne propose plus de cabines sur le bateau de remplacement, le titulaire étant en révision… 40 heures sur des sièges d’avion dans un vieux bateau, nous aurions préféré éviter, mais nous nous décidons mardi matin, 27 octobre, pour cette solution et quittons la région de Cadiz pour celle de Huelva, dans le joli camping dans lequel nous avions fait halte début septembre. Nous nous y retrouvons presque seuls, dans une ambiance un peu triste, au milieu des feuilles tombées… Heureusement, l’accueil reste sympa et la plage à côté reste superbe.

Mais… le mercredi 28 octobre, le gouvernement andalou annonce que la province va se fermer pour le week-end de la Toussaint, à partir du 30 octobre à minuit… Or notre bateau part dans la nuit du 30 au 31 octobre, 24 heures trop tard. Seule satisfaction, alors que la plupart des provinces prohibent la mobilité intercommunales – Sibylle ne peut plus sortir de Jerez… – celle de Huelva ne le fait pas.

Nous passons le jeudi 29 octobre le plus détendus possible sur la plage et à faire de l’école et, le 30, nous partons pour Huelva. La police est bien présente sur les ronds-points, mais personne ne nous demande rien. A proximité du port, nous faisons une longue halte à Palos, là où Christophe Colomb s’est embarqué, il y a 528 ans, pour se rendre… aux Canaries, avant de continuer vers l’inconnu. Des répliques de caravelles et de village indien, une jolie exposition. La nuit tombée, nous continuons vers le port. Nous traversons d’immenses raffineries et des dépôts d’hydrocarbures gigantesques. Les torchères illuminent la nuit, la lune est presque pleine. Au port, nous sommes déviés sur un parking provisoire, en attente de l’emabarquement. Personne ne nous demande rien ou laisse entendre que le confinement régional pourrait nous concerner… Après 2 bonnes heures, les portes s’ouvrent et nous pouvons embarquer, après un contrôle de douane et de température, avec une grosse centaine d’autres véhicules…

Il est 23 heures, nous sommes à bord du M/V Sicilia, nous avons réussi à sortir d’Andalousie !