Nous sommes passés d’un coup de la côte méditerranéenne, très touristique et très internationale, au pays des Kurdes, en Anatolie orientale, où nous avons vu des paysages à couper le souffle et où les gens sont avides d’échanges avec les rares étrangers qui passent par ces contrées.
Le mercredi 30 juin, nous avons pris la route vers l’Est, longé la mer sur une route sinueuse jusqu’à Mersin, profité d’un dernier bain sur une superbe plage, puis, sur l’autoroute, avons parcouru 250 km qui nous ont fait changer de monde. Au coucher du soleil, nous arrivons sur les rives du lac de Pazarcik, où des dizaines de gens se baladent et pique-niquent.
Le jeudi 1e juillet, nous poursuivons jusqu’à Kâhta, sur les rives du gigantesque lac de barrage Atatürk, formé par l’Euphrate et ses affluents. Nous allons nous baigner là où nous étions allés en 2014. La chaleur est étouffante. Puis nous pique-niquons dans un parc prévu à cet effet. C’est là que nous rencontrons la famille d’Arif, qui nous invite à partager le thé et la pastèque, puis les no de téléphone et les comptes Instagram. Nous poursuivons vers le pont de Cendere, où Zoé et Julien se baignent tout habillés – la chaleur est telle qu’ils sèchent presque instantanément. Et nous gravissons les pentes du Nemrut Dağı que nous atteignons en milieu d’après-midi. La vue est fantastique. Les statues monumentales sont toujours là… Nous attendons le coucher du soleil, la foule s’accumule – un peu trop de monde à notre goût – puis repartons dans le parking du centre des visiteurs, où les gardiens nous ont gentiment accueillis.
Le vendredi 2 juillet, nous nous réveillons à 4h00 après une nuit mouvementée. Le vent a été si fort qu’il a été impossible de dormir dans la tente et, pour la troisième fois du voyage, il a fallu dormir à quatre dans le minibus. Nous remontons au sommet où nous admirons le lever du soleil au milieu d’une foule un peu moins compacte que la veille. A 7h00, nous sommes près à continuer nos aventures, passons l’Euphrate sur un pont – en 2014, c’était un ferry – arrivons dans la province de Diyarbakır, classée « orange », par les conseils aux voyageurs français. La ville semble intéressante, mais nous préférons poursuivre notre chemin, pour être certains de ne pas dormir dans cette zone turbulente – plusieurs témoignages racontent que les forces de l’ordre viennent parfois déloger les campeurs pour les protéger des « terroristes »…. Nous passons dans la province de Batman (sic) à côté d’un très joli pont. La présence policière est visible, Chaque colline est coiffée d’un mirador ultra-protégé. Cela dit, les gens continuent à vivre et nous buvons un bon thé – il fait plus de 40 degrés – puis faisons un bon pique-nique dans la province de Siirt, sans aucun incident. En fin de journée, nous arrivons à Tatvan, sur les rives du lac de Van, et montons dans le cratère du… Nemrut Dağı (un autre…) dans lequel nous trouvons un endroit incroyablement beau pour passer la nuit, sur une steppe occupée par des troupeaux…
Le samedi 3 juillet, nous commençons par emprunter une piste qui se révèle trop périlleuse après 2-3 passages déjà délicats. Pas grave, rebrousser chemin nous permet de revoir ces paysages magnifiques. Nous grimpons ensuite au sommet du volcan – là aussi. nous devons renoncer peu avant le sommet, trop casse-gueule… – mais profitons de la beauté de l’endroit. Petit repas dans une boulangerie-simiterie à Tatvan – échange d’Instagram avec l’adorable serveur – puis allons nettoyer le minibus, car elle s’est fait consteller de cacas d’oiseaux. Là aussi, un employé de Total insiste pour la nettoyer pour nous et commande des thés qui nous sont offerts, tout ça pour… 21 centimes, que nous triplons généreusement. Nous recevons en prime des kleenex et des sent-bon ! Nous trouvons ensuite un magnifique endroit pour passer la nuit, sur une étroite péninsule sur le lac. Une famille nous offre thé et dolmades. Nous échangeons nos numéros. Le lac de Van est transparent comme la mer. Il est salé et alcalin, ce qui lui donne une consistance un peu savonneuse et un goût amer… Pas mal pour laver les habits…
Le dimanche 4 juillet, un petit bain avant le déjeuner, puis départ en fin de matinée pour l’île d’Akdamar. Au moment de prendre le bateau, le responsable de la coopérative des bateliers vient causer avec nous. Il a passé six ans à Carouge et a fait les Hautes Etudes Internationales, avant de venir reprendre l’affaire de son père au lac de Van. Il a l’air d’avoir envie de causer, nous offre le thé… Nous manquons trois bateaux et avons le plaisir d’échanger avec cet ex-Genevois. L’île abrite une église arménienne qui date de plus d’un millénaire. Relativement bien restaurée et sise dans un cadre majestueux, c’est aussi un destination de choix pour les riverains du lac le dimanche. Il y a donc pas mal de monde, même si le lieu reste magnifique. En fin de journée, nous trouvons un endroit au bord du lac, où nous rencontrons deux jeunes filles, qui nous présentent leur famille en visite à Van. Malgré un anglais hésitant, elles n’hésitent pas à nous parler du génocide arménien et du peu d’estime qu’elle portent au gouvernement local. C’est la première fois que nous pouvons avoir un échange politique dans la région.
Le lundi 5 juillet, nous remontons une vallée jusqu’à la citadelle urartéenne de Çavuştepe. Nous nous croyons seuls sur cette éminence au milieu d’une vallée irriguée dans un décor tout sec. Certains blocs et une inscription en cunéiforme nous semblent trop bien conservés pour avoir près de 3000 ans. C’est là qu’arrive le gardien, un personnage haut en couleur de 81 ans, qui nous montre un vieux livre d’archéologie, nous lit couramment les inscriptions en cunéiforme et nous montre les bijoux et plaques en cunéiforme qu’il fabrique en attendant les rares visiteurs. Zoé lui achète un joli pendentif. Nous passons ensuite à Van, sur sa jolie citadelle et ses deux superbes mosquées anciennes à ses pieds et poursuivons – après une halte achats dans une grande Migros – vers une autre péninsule proche d’une autre île avec une autre église arménienne. Le paysage évoque les savanes africaines. C’est magnifique. Nous sommes seuls avec le vent qui, heureusement, s’apaise avec le coucher du soleil.
Le mardi 6 juillet, c’est l’anniversaire du papa de Julien. Nous parvenons à l’atteindre depuis la cascade de Muradiye, un peu au nord du lac. La présence policière y est presque inquiétante… Nous partons vers le nord. Les paysages verdissent un peu. Nous passons les 2000 mètres, la frontière iranienne est au sommet de la crête, à droite, à 2-3 kilomètres. Il y a des miradors partout dans ce paysage époustouflant. Au passage dans la province d’Ağri, nous longeons des coulées de lave récentes qui nous rappellent Lanzarote. Nous découvrons Doğubayazıt, dernière ville avant l’Iran, poussiéreuse et commerçante, que nous quittons vite pour aller au splendide palais d’Ishak Pasha, juste au-dessus de la ville. Nous profitons de la lumière de la fin d’après-midi pour faire de belles photos et garons le minibus juste au-dessus, ce qui nous permettra de nous réveiller avec ce magnifique paysage…