Cette semaine a été marquée par notre arrivée en Turquie après un marathon médico-douano-routier entre la Macédoine, la Bulgarie et la Turquie. Nous avons été impressionnés par la croissance de la qualité des équipements et du niveau d’intégration internationale au fur et à mesure que nous sommes passés d’Albanie en Macédoine, puis en Bulgarie et en Turquie. La Turquie vient d’entamer son déconfinement et nous voyons que les mesures y sont plus strictement respectées que dans les Balkans. Par contre, si nous avons rencontré beaucoup de gens souriants et accueillants, il faut convenir que rares sont ceux qui parlent une langue étrangère, même dans les lieux (relativement) touristiques que nous avons visités.
Le mardi 8 juin, nous quittons notre superbe appartement de Skopje pour nous rendre à notre rendez-vous. Les tests se font dans un conteneur à côté de la superbe clinique Zan Mitrev. Sorte de gâteau à la crème flambant neuf, affublé de colonnades et de statues d’Alexandre le Grand. Les infirmières sont efficaces et sympathiques. Le temps d’aller boire un café, on se fait même appeler par téléphone pour nous dire que le résultat (tous négatifs… ouf !) est près. La route vers la Bulgarie se dégrade au fur et à mesure que nous nous éloignons de l’autoroute, mais nous parvenons finalement au poste-frontière. Le douanier macédonien nous réclame des fiches de police que nous n’avons pas, puis, face à notre inertie, nous rend nos passeports et nous dit de passer. La douanière bulgare est à peine plus sympathique et nous laisse entrer sans trop de formalité. Nous sommes vite frappés par la meilleure qualité des routes et repérons assez vite des différences dans le bâti – maisons en briques, quelques beaux bâtiments qui évoquent l’Europe centrale…. Nous décidons de passer loin au sud de Sofia, prenons un gros orage, puis rejoignons l’autoroute que longe l’Orient-Express. Nous choisissons un lieu pour dormir sur une colline au-dessus de Karabunar. La vue est superbe et le magasin du village plutôt bien fourni. Un couple d’Allemands en caravane nous rejoint et nous discutons un peu. Ils nous diront, le lendemain, être impressionnés par la compacité de notre équipage et la précision avec laquelle nous rangeons nos affaires…
Le mercredi 9 juin, nous reprenons l’autoroute, faisons un courte pause à Harmanli, peu avant la frontière, pour acheter quelques produits occidentaux (sans trop de succès) et du vin bulgare (nous en trouvons sans problème !), puis, quelques kilomètres plus tard, nous entrons dans l’imposant complexe frontalier de Kapitan Andreevo – Kapıkule. Du côté bulgare, un peu d’attente, mais contrôle rapide. Du côté turc, nous commençons par payer la désinfection de la voiture (en fait un jet et une sorte de pédiluve), puis après une certaine attente, un coup d’œil désintéressé sur nos beaux tests covid, nous arrivons au contrôle des bagages où le responsable nous indique que nous sommes sélectionnés pour un contrôle poussé des bagages en nous indiquant un hangar où nous rendre. Là, deux Turcs résidant en Allemagne commencent à vider leur fourgon en manifestant leur mécontentement de façon expressive. Je vais me renseigner à un guichet. Le préposé répond – toujours sans un mot d’anglais ou d’allemand – que le contrôleur est en pause-repas et qu’il faut attendre. Nous essayons de trouver un peu d’ombre et, après une demi-heure d’attente, un des deux Turcs qui venait de finir de vider son fourgon m’interpelle. Nous commençons à discuter en allemand, ce qui le calme bien et il décide de se saisir de notre sort. Il court-circuite un peu la file à un guichet et va expliquer à quel point c’est honteux de faire attendre de braves touristes avec des enfants. La manœuvre est assez efficace, puisqu’un contrôleur arrive assez vite, nous demande d’ouvrir deux-trois sacs, puis la tente de toit. Comme il ne veut pas monter lui-même, il demande à notre nouvel ami d’aller photographier l’intérieur… puis nous laisse repartir. Au final, nous aurons passé moins de deux heures dans le complexe douanier, mais en redoutant d’attendre bien plus… Nous nous arrêtons à Edirne où nous trouvons de l’argent, une carte de téléphone et une vignette pour les péages. Comme le minibus est garé de façon un peu sauvage et que nous voulons aller un peu plus loin, nous nous contentons d’un petit tost au fromage dans le jardin d’une magnifique mosquée et repoussons la visite à notre retour. Nous parcourons encore 80 kilomètres jusqu’à un petit lac où nous passons la soirée et la nuit à proximité d’un troupeau de moutons et de chèvres.
Le jeudi 10 juin, au réveil, nous réalisons qu’il fait vite chaud ici… Un petit déjeuner rapide et nous revoilà en route vers le sud. A Kaşan, nous rejoignons la route qui vient de Grèce, que nous avions parcourue en 2014. A Gelibolu, premier passage à la Migros turque. Le magasin nous semble extraordinairement bien fourni, en regard de ce que nous avions eu en Albanie et même en Macédoine. Et la perte de valeur de la livre turque rend la plupart des produits vraiment très bon marché. Nous continuons sur la rive européenne et repassons de l’autre côté de la péninsule de Gallipoli pour aller voir quelques sites de la campagne des Dardanelles, en 1915. Deux cimetières anglais en bord de mer, essentiellement peuplés de troufions australiens et néo-zélandais venus se faire mitrailler en Europe pour une cause absurde… plutôt émouvant. Puis le grand musée historique avec des maquettes, des uniformes et des reconstitutions. Un peu kitsch, mais reconstitutions tout de même fidèles des événements qui ont conduit à la mort des dizaines de milliers de soldats pour le contrôle des détroits… Nous sommes heureux de pouvoir traverser les Dardanelles sur un ferry dans une ambiance paisible, au milieu de gros cargos, et sur une mer malheureusement colonisée par la morve de mer – sorte d’algue gluante qui envahit cette région de façon inquiétante… et allons nous mettre sur la rive asiatique, à l’embouchure du détroit à côté de canons de pacotille, pour passer la nuit.
Le vendredi 11 juin, nous sommes agréablement réveillés par les trompes des bateaux qui s’engagent dans le détroit. Nous repérons même un sous-marin de la marine turque. Puis nous allons au musée de Troie. Accueil plutôt froid – et toujours sans un mot d’anglais ou d’allemand – les enfants étrangers semblent ne bénéficier d’aucun tarif spécial dans les sites turcs dont le prix est plutôt élevé. Nous hésitons et finissons par acheter un pass valable quinze jours dans tous les musées et sites pour nous quatre. Le musée est très beau et passionnant. Nous y passons plus de deux heures et, comme il se doit, nous nous retrouvons sur le site archéologique alors que le soleil s’approche du zénith. La visite est plus rapide, même si les murailles, plus massives que belles, sont bien mises en valeur. Nous poursuivons vers le sud, trouvons de quoi faire un pique-nique (concombre-tomate-fromage-pain, c’est notre régime depuis notre arrivée en Albanie…) sur une très jolie plage bien aménagée, profitons de notre pass pour aller voir le temps d’Apollon Smitheion à Gülpınar et poursuivons jusqu’à une petite plage peu avant Behramkale où nous restons pour la nuit. Le soir, un peu plus loin un ballet de voitures et des signaux lumineux nous font imaginer que des migrants clandestins passent peut-être par là pour rejoindre Lesbos, juste en face. Quoi qu’il en soit, la nuit est paisible sur notre bout de plage.
Le samedi 12 juin, nous commençons par une petite baignade, pour nous rafraîchir après une nuit plutôt chaude, puis profitons de la douceur des temps pour prendre un bon petit déjeuner. A Behramkale, nous trouvons un petit village plein d’échoppes pour les touristes. Les locaux viennent manifestement plus pour le village que pour le site archéologique. Nous pensions juste jeter un coup d’oeil au temple d’Athéna qui domine un somptueux paysage, mais descendons jusqu’au théâtre et profitons de ce splendide environnement. Nous ne repartons qu’après midi et réalisons que la route est relativement longue jusqu’à l’appartement que nous avons réservé. Les stations balnéaires sont assaillies, c’est samedi et il semble difficile de se garer pour aller manger quelque chose dans des restaurants bondés. Nous finissons par rejoindre Bademli en fin de journée où nous sommes chaleureusement accueillis dans un très bel appartement décoré à la turc (des tapis, des fleurs en plastique et une salle de bain rose – nous avons même droit à un 2e WC… à la turc !). Le village est très sympa, nous allons boire un thé au retour de nos emplettes et sommes interpelé par une dame qui parle français. Nous causons un moment avec elle, elle nous fait découvrir le koruk şurubu, sorte de sirop de raisin local. Pour finir, elle nous offre tout ça !