De Fuerteventura à Lanzarote

Pour la première fois, nous aurons passé huit nuits de suite dans le minibus, en pleine nature. Pendant ces jours, nous nous sommes initiés au surf, avons improvisé un buffet de Noël devant le bus et avons quitté Fuerteventura pour Lanzarote.

Du 16 au 20 décembre, nous logeons à Valles de Ortega, dans un petit appartement rural, avec une belle terrasse. Nous avançons dans le programme scolaire, faisons des lessives et quelques balades dans la région, en particulier jusqu’à Antigua. Nous en profitons aussi pour nous rendre à Puerto del Rosario, la capitale, pour acheter de nouvelles cales de nivellement. Le seul magasin spécialisé venait d’en recommander, elles seront là la semaine prochaine. La petite ville semble un peu assoupie, mais plutôt accueillante. Nous y trouvons quelques accessoires de Noël et tournons un petit clip pour Sibylle.

Le 20 décembre nous repartons vers le nord. Nous devons être le lendemain à Lajares, car nous avons réservé un cours de surf. Nous tentons de nous installer tout au nord, à côté de la mer, mais la pluie se met à tomber en même temps que la nuit et le sol de l’île molle se transforme instantanément en une glaise collante… Après quelques hésitations, nous décidons de tout replier, de mettre nos chaussures engluées dans des sacs poubelle et d’aller trouver un endroit plus adéquat pour dormir. Après avoir tourné un moment, nous nous rabattons sur le parking du SuperDino, le magasin de Lajares. Ce n’est pas très romantique, mais c’est goudronné et nous pouvons souper les pieds au sec…

Le lundi 21 décembre, nous sommes réveillés par les voitures des employés du SuperDino, qui arrivent avant le lever du soleil. Ils nous saluent gentiment lorsque nous sortons de la tente de toit ébouriffés. Nous prenons un petit déjeuner à la boulangerie du coin avant notre cours de surf, décrit dans un autre article. Nous enchaînons avec un délicieux repas – offert par notre amie Virginie, merci à elle ! – à El Cotillo puis finissons l’après-midi et passons la nuit au-delà du phare de Tostón, oú nous étions déjà deux semaines plus tôt. Le ciel est magnifique et nous observons la conjonction Jupiter-Saturne.

Le mardi 22 décembre, ce sont les surfeurs du matin qui nous réveillent. Le site est superbe et nous en profitons pour un long petit déjeuner, suivi d’un pataugeage dans les lagons turquoise proches du phare. Nous prenons un peu de hauteur en gravissant le volcan Bayuyo, au-dessus de Corralejo et passons la fin de l’après-midi dans les dunes blanches et les vagues, avant de nous endormir à côté d’un grand hôtel abandonné…

Le mercredi 23 décembre, nous repassons par Puerto del Rosario pour acheter nos cales, qui sont effectivement arrivées au magasin. Nous poursuivons vers le sud, par la route côtière. Une halte à Pozo Negro. A proximité, un site préhistorique semble bien équipé pour recevoir des visiteurs, mais les guichets sont fermés et le parking est vide… On continue vers le phare de la Entallada, au sommet d’un cap dominant la côte aride de l’île… Nous sommes toujours tout seuls… Pique-nique dans une vallée sèche et fin d’étape à Gran Tarajal. Petite ville assoupie le long de sa grande plage noire. Nous nous mettons sur une autre plage, un peu à l’écart et profitons de la douche (froide !) et des WC du port de plaisance juste à côté.

Le jeudi 24 décembre, après un bon petit déjeuner dans une boulangerie de Gran Tarajal, nous poursuivons vers le sud. Nous passons une bonne partie de l’après-midi à la plage d’El Salmo, puis partons acheter notre repas de Noël. Comme nous n’avons pas de frigo, nous sommes contraints de passer le plus tard possible au magasin. Étonnamment, le Mercadona de Butihondo est très peu fréquenté et nous pouvons élaborer sans stress notre menu. Nous revenons à l’extraordinaire plage de Sotavento, où nous étions il y a dix jours. décorons le bus (merci à Muriel pour la guirlande de boules électriques), et préparons notre buffet, qui compte entre autre des crevettes à l’ail et au persil cuites au Campingaz et une salade de fruits locaux et de saison (bananes et ananas, donc !). Un petit Porto à l’apéro et un bon vin blanc agrémentent tout cela.

Le vendredi 25 décembre, nous nous attaquons au sommet de l’île, le Pico de la Zarza, à 807 mètres. En fait, le chemin est plus long (7 km) que raide. Nous nous éloignons de la rive sud sur une crête séparant deux vallées. Avec l’altitude, l’aridité diminue et quelques plantes vertes font leur apparition. Les derniers tronçons sont plus raides et l’arrivée au sommet est époustouflante, car on aperçoit soudain la côte nord au pied d’une falaise presque verticale. Nous dominons la plage de Cofete et l’étrange villa Winter, que nous avions visitées auparavant. Retour ensuite à Sotavento. Baignade – avec bonnet de père Noël – et repas en fin de journée.

Le samedi 26 décembre, nous allons encore profiter des eaux claires de la plage avant de repartir vers le nord. Nous pique-niquons à Pájara où nous discutons avec une ancienne résidente du village qui nous parle de ses 13 frères et sœurs et de la vie dans cette vallée il y a un demi-siècle. Nous dormons au mirador de Risco de la Peña, où un voisin solitaire vient placer son camping-car juste à côté du minibus et vient nous faire la causette.

Le dimanche 27 décembre, nous continuons notre progression, faisons une bonne halte aux dunes blanches de Corralejo – le vent rend la baignade un peu difficile – et embarquons en début d’après-midi sur un ferry rapide pour Lanzarote. Nous quittons Fuerteventura avec un petit pincement, car nous aurons eu beaucoup de plaisir découvrir ses grandes étendues désertiques, ses volcans, ses plages et son art de vivre détendu. En moins d’une demi-heure (et quand même 101€…), nous arrivons sur l’île voisine. Le vent nous incite à opter pour la côte occidentale. Un rapide coup d’œil aux salines de Janubio et nous arrivons à Los Hervideros. Le site – succession de grottes sous-marines dans une coulée de lave – est splendide, mais nous percevons une ambiance très différente de Fuerteventura. Passablement de tourisme, des drones, des tiges à selfie et aussi la Guardia Civil qui vient interpeller les réfractaires au masque sans ménagement. Une fois le soleil couché, tout le monde rentre à son hôtel et nous restons sur le parking, protégés du vent par l’immense coulée de lave.

Le lundi 28 décembre, nous déjeunons sur le parking, avant l’arrivée des touristes. Nous discutons un peu avec l’employé chargé de nettoyer le site qui ne semble pas du tout dérangé par notre présence, bien au contraire. Nous continuons vers El Golfo, où nous jetons un coup d’oeil à l’étrange lagune verte en marge de la plage de los Clicos. L’orientation de la lumière est mauvaise pour les photos et des barrières nous imposent un circuit. Impossible d’aller où l’on veut sur cette île ! Pendant que nous buvons notre café, un premier car de touristes arrive. Les filles prennent la boutique de souvenirs. Décidément Lanzarote est différente de Fuerteventura. Nous poursuivons sur le très propret village de Yaiza. Beaucoup moins de visiteurs, mais de jolies maisons toutes blanches et des arbres d’essences diverses plantés dans les lapili noirs laissés par le volcan. On ne sait pas si c’est Manrique qui s’est inspiré de cela ou si tous les aménagements se sont inspirés de Manrique… On prend de la hauteur en gravissant le volcan qui domine la ville. L’immense coulée de lave du XVIIIe siècle barre tout le paysage. Malheureusement, le régime de calima (vent sableux en provenance d’Afrique) gâche la vibilité. Il faudra revenir par temps plus clair. On redescend vers la ville, procédons à quelques achats, en particulier des cartouches de gaz, avant d’aller emménager dans l’appartement que nous avions réservé à Playa Honda.