Más despacio ?

« Más despacio », c’est ce que vous apprenez en premier en espagnol, formule incontournable lorsque votre interlocuteur, plus confiant que vous dans votre maîtrise de la langue de Cervantes et Sepúlveda, s’emballe et vous déballe des kilomètres de jotas, de tildas et de gerundios, sans que vous n’ayez le temps de faire le tri. « Plus lentement », demandez-vous en resservant un verre de tempranillo ou de cabernet.

« Más despacio », c’est aussi un projet, après 25 ans de vie trépidante en commun, des études, des formations, des enfants, des professions, des aventures, des amis, des engagements et l’impression confuse, passé la quarantaine, que le temps passe terriblement vite, que, même s’il est impossible de l’arrêter, une année de pause, une année différente, devrait répondre à notre aspiration contradictoire de lenteur et de découverte.

« Más espacio » (« Plus d’espace » oui, c’est un jeu de mots un peu pourri), c’est aussi notre envie d’espace, de découverte, d’au-delà. Nous avons ressenti cet appel en Amérique du Sud, mais également dans d’autres désert et c’est aussi pour nous engouffrer dans ces vides que nous nous en allons.